Comment définir ce qui est « féminin » ? Est-ce une question de tissu, de coupe, de couleur — ou simplement de regard ? Dans notre société, les vêtements sont souvent genrés, associés à des rôles, des attentes, des stéréotypes. Mais qu’en est-il vraiment ? Et que ressent-on, en tant qu’homme, lorsqu’on porte une robe, une jupe, des collants ?
À travers cette réflexion, je questionne les normes vestimentaires, les définitions culturelles du féminin et du masculin, et j’explore ce que cela signifie pour moi, personnellement, d’être un homme en jupe.
Qu’est-ce que le « féminin » ?
Définition selon le Larousse : le féminin est associé à la femme, à ses attributs, à ses rôles sociaux.
- Qui est propre à la femme : Le charme féminin.
- Se dit d’un groupe composé de femmes : Équipe féminine.
- Qui a rapport aux femmes : Vêtements féminins.
- Qui est destiné, réservé aux femmes : Épreuve féminine d’athlétisme.
- Qui a les caractères reconnus traditionnellement à la femme : Il a une sensibilité féminine.

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Le masculin est défini en miroir, souvent en opposition.
On constate bien ici que la « féminité » et « féminin » désignent strictement les femmes et la « masculinité » et « masculin » les hommes.
Donc dire qu’un vêtement est féminin c’est dire qu’il peut être porté par les femmes, dire qu’il est masculin, par les hommes. Il peut aussi être les deux donc appelé « mixte ».

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Vêtements genrés : une construction culturelle
Robes, dentelles, maquillage sont considérés comme féminins aujourd’hui.
La plupart d’entre vous répondrez que les robes ou les jupes, les petites fleurs, les vêtements à volants, les débardeurs à fines bretelles, les sous-vêtements en dentelles, les pantalons roses, les escarpins ou les ballerines, les boucles d’oreilles pendantes ou les montres fines, le maquillage … sont féminins ; les vestes militaires, les costumes cravate, les jeans polos, les chemises camionneurs, les chevalières, les chaussures fermées plates ou les sandalettes, … sont masculins.

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Pourtant, historiquement, les hommes portaient ces éléments avec fierté (Louis XIV, Renaissance…) au même titre que les femmes : robes, dentelles, broderies, frou-frou, hauts talons, bas/collants, boucles d’oreilles pendantes, maquillage, cheveux longs bouclés, …

Le genre des vêtements est une construction sociale, non une vérité biologique.
Dans ce passé où on appuyait la différence homme/femme, il serait surprenant qu’il se soit dit qu’un homme était féminin avec ces vêtements et ce qui les composent. Ils étaient plutôt un signe d’élégance et de beauté mais également, pour se distinguer des classes inférieures, de noblesse et de richesse.

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Diversité culturelle et vestimentaire
En Afrique, en Asie, les tenues masculines peuvent inclure couleurs, motifs, bijoux.


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La fonction pratique des vêtements masculins en Occident a appauvri leur diversité.
Il est dit que ces derniers siècles les hommes devaient avoir une fonction pratique et utile, sans chichi, tandis que les femmes, considérées comme objets des hommes, devaient continuer à plaire à leur mari, à être belles. Donc malheureusement, avec le temps et au contraire des femmes, les hommes ont renoncé à toute fioriture laissant place à peu de diversité, et une grande partie de ce qui était jugée comme de l’élégance et de la beauté a été progressivement considérée comme de la féminité et uniquement féminin, excluant l’homme de certains vêtements, certains tissus et certains motifs qu’ils portaient autrefois. Ne pas voir pendant des générations un type de personnes porter tel vêtement ou tel composant d’une tenue fait rentrer dans l’inconscient qu’elle ne peut en porter, et pire, que c’est inadmissible si c’est un vêtement porté habituellement par l’autre sexe. Rappelez-vous quand des femmes ont souhaité commencer à porter des pantalons il y a environ un siècle.

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Stéréotypes émotionnels et comportementaux :
Pleurer, être doux, prendre soin de soi : des traits humains, pas exclusivement féminins.
En parallèle aux vêtements, quand un homme pleure on a tendance à dire que c’est son côté féminin qui s’exprime. Mais un bébé garçon pleure à sa naissance, c’est l’éducation qu’on lui donne qui le formate dans le « tu ne vas pas pleurer comme une fille ! ». En fait, pleurer est humain ou naturel mais certainement pas strictement féminin. Cela serait féminin si les garçons naissaient sans larme, de la même façon qu’un pantalon ne serait que masculin si les filles ne naissaient qu’avec une jambe 😉
L’éducation genrée façonne les comportements dès l’enfance.
Il est de même quand une personne est maniérée, serre ses jambes quand elle est assise, prend soin de sa peau, parle de manière douce, … ce sont des caractéristiques de cette personne, ce ne sont pas des caractéristiques liées à son sexe.
Travestissement, identité et expression
Certains hommes se sentent femmes, d’autres veulent simplement élargir leur expression masculine.
On sait néanmoins qu’il existe des hommes qui se sentent féminins donc, si vous avez bien suivi la définition expliquée dans cet article, se sentent femme. C’est le cas des travestis par exemple qui transforment leur apparence morphologique pour avoir celle d’une femme (faux seins dans un soutien-gorge, fausses hanches) et se donnent un prénom de femme. Parmi eux, certains se sentent ou veulent se sentir femme réellement pour des raisons qui leur sont propres et que nous n’avons pas à juger.
La culture dominante pousse à croire que certaines manières ou vêtements sont « réservés » aux femmes.
Mais je sais que d’autres pensent, par l’influence de notre culture, qu’il faut être femme pour avoir certaines manières et porter certains vêtements, et de ce fait le retranscrivent sur eux-mêmes. S’ils avaient conscience qu’ils pouvaient « avoir et faire » en tant qu’homme et s’ils avaient l’audace de l’assumer face aux potentielles réactions d’autrui, la diversité masculine serait plus grande, de la même façon que nous avons vu apparaitre ce dernier siècle plus de diversité féminine (des femmes en pantalon et rangers, en combinaison de travail les mains dans le cambouis, …), ces façons d’être, de se tenir et de s’habiller qui ont amené à les appeler à tors des « garçons manqués ».
Être un homme en robe ou en jupe
« Je suis né homme, je reste et me sens homme, quel que soit le vêtement que je porte. » Porter une jupe ne fait pas de moi une femme. C’est une affirmation de style, d’élégance, de liberté.
Par la lecture du texte ci-dessus, vous pouvez désormais imaginer ma façon de penser et de me sentir. Lorsque je suis en jupe ou robe qui laisse apparaitre au-dessus de mes bottes mes collants noirs ou de couleur et que vous jugez peut-être en partie féminin ou trop féminin « pour un homme » selon vos critères influencés par notre culture, moi je pense n’être qu’un homme élégant, chic voire sexy, mais nullement féminin. Je suis né homme, je reste et je me sens homme quel que soit les vêtements que je porte ; donc je suis masculin même en robe à fleurs.
En conclusion :
Tout vêtement est potentiellement mixte. Ce qui le rend « féminin » ou « masculin » est souvent une question de regard social, non de nature. En assumant des choix vestimentaires hors normes, on contribue à élargir les possibles — pour tous..






